samedi 26 mai 2012

érotiques paysages


Ruisseau, photographie de Jean-Loup Trassard

"Il y a un rapport avec l'érotisme en ce sens que c'est comme un corps qu'on n'a jamais fini d'explorer, un corps qu'on aime, qu'on re-touche et la caresse, dans le fond, est insuffisante. Elle est censée satisfaire un besoin, une envie, et en fait elle l'avive cette envie. On a envie de la recommencer, peut-être pas tout à fait pareil mais d'en recommencer une. Et ce territoire qu'on parcourt avec ses creux et ses bosses, c'est un corps aussi qu'on a besoin de rendre intime. On a besoin de se frotter contre, voilà. Je pense qu'il y a un lien entre la recherche d'une intimité avec un territoire varié et limité et le rapport à un corps aimé." (Jean Loup Trassard, entretien avec Pierre Guicheney)
Jean-Loup Trassard, l'écrivain-photographe né en 1933, est un des grands poètes en prose de son temps. Il a publié une trentaine d'ouvrages chez Gallimard et au Temps qu'il fait. L'amitié des abeilles, Des cours d'eau peu considérables, L'homme des haies, Paroles de laine, on a envie de lire et de relire ce qui s'écrit sous ces titres qui à eux seuls valent des poèmes. On est bien dans les pages de cet homme de terre. Et en écho à ses mots sur les paysages restreints qu'il ne finit pas d'explorer, on éprouve le besoin de se frotter à l'intelligence et à la chaleur de ses textes comme à celles d'un être aimé.

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