mardi 1 mai 2012

Délivrance



Encore un film de 1972 : Deliverance de John Boorman.
En général, le redneck a la dentition plutôt vilaine, il porte le chapeau mou cradingue, la liquette pantelante et tous les stigmates de la consanguinité. Il est peu loquace sauf quand il s'agit de déblatérer de salaces invectives et il n'y a que peu de doutes quant au caractère hostile de ses intentions. Résultat, il est communément admis qu'il vaut mieux s'en méfier et préserver ses arrières, comme l'apprendront à leurs dépens les quatre personnages principaux du film.
Celui-ci est jeune et blond comme les blés - un ange si ce n'était ces yeux fendus comme des boutonnières - et c'est un as du banjo. S'engage un duel épique avec l'un des quatre héros du film, gentil employé vaguement amoureux de nature, l'archétype du gars sympa qui a appris à jouer de la guitare chez les scouts. Le gamin répond à chaque phrase du guitariste, au début avec une certaine hésitation puis de plus en plus d'aisance pour finir par un déroulé d'arpèges virtuoses. Un vieil édenté se met à danser et tous les acteurs de la scène s'enthousiasment. Une fois la prouesse accomplie, l'adolescent se retranche dans son mutisme refusant même la main que lui tend le guitariste. C'est qu'il n'était pas là pour s'amuser mais bien pour signifier l'arrogance des siens sur ces citadins naïfs et bien-pensants, complices par leur appartenance sociale des pires de leurs congénères, ceux qui mettent en péril la vallée par leur funeste projet de barrage. Les quatre comparses croiseront à nouveau le chemin du jeune homme. Perché sur un pont de fortune, il les surplombe, toujours mutique et le regard insistant. L'ange blond se révèle alors oiseau de mauvaise augure comme le montrera la suite de l'aventure.
Banjo et musique des Appalaches, décors naturels, franche opposition entre campagnards dégénérés et citadins narquois, scènes d'horreur hyper-réalistes, ce sont là quelques uns des traits d'un genre cinématographique qui comporterait environ 300 films. Redneck cinema, hixsploitation, Hillbilly movies en sont les principales appellations. Après avoir consacré un ouvrage aux mondo movies (Reflets dans un œil mort, avec Sébastien Gayraud, éditions Bazaar &co), Maxime Lachaud boucle actuellement un ouvrage sur ce genre paradoxalement mal connu alors que des films comme 2000 maniacs ou Deliverance font l'objet de véritables cultes depuis plus de quarante ans. Pour patienter un article ici.

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